Chiens de traîneau : témoignage de Jérôme en bénévolat

chiens de traineau helpx
Copyright : Jérôme Derèze
Assurances PVT Canada

Jérôme, auteur du blog Traversée d’un monde, nous raconte son aventure HelpX auprès des chiens de traîneau.

Peux-tu nous parler un peu de toi ? 

Je suis belge, j’ai 29 ans, je me promène avec mon drapeau et la statuette du Manneken-Pis un peu partout dans mes pérégrinations. Je vis proche de Namur lorsque je suis au pays, c’est un peu mon pied à terre entre deux voyages.

En quoi consiste ton travail ?

Je travaillais comme salarié jusqu’à il y a peu mais je me suis lancé dans l’aventure de l’indépendance afin d’être plus libre géographiquement et dans la gestion de mon temps.

En tant que blogueur, je m’occupe des vidéos, de la rédaction et des photos sur mon site. Cela me permet de mélanger plusieurs activités au lieu de me cantonner à une seule et unique tâche.

Comment es-tu arrivé au Canada ? 

Je suis parti au Canada grâce au Permis Vacances-Travail. Un ami en Résidence Permanente à Montréal avec qui j’avais fait une année d’étude en Belgique m’avait parlé de ce visa. 

Je me suis alors renseigné sur le PVT car j’hésitais à partir au Canada ou en Nouvelle-Zélande.

Finalement, le Canada m’attirait un peu plus et je suis parti d’octobre 2015 à octobre 2016 réaliser ce rêve de voyageur (malheureusement les belges n’ont qu’une année). J’étais attiré par les grands espaces, par la culture québécoise, le Canada m’appelait et je devais répondre à cet appel.

Pourquoi as-tu choisi cette expérience en particulier ?

Après mon arrivée à Montréal et un petit voyage de 11 jours dans la province du Québec, j’avais envie de tenter l’expérience du bénévolat. Je savais que durant mon année, je voulais voyager dans l’ouest canadien et entraîner des chiens de traîneau. Je voulais me plonger dans cet univers mais du côté course plutôt que tourisme pur.

chiens de traîneau helpx
Copyright : Jérôme Derèze

J’ai donc cherché sur les différentes plateformes une expérience de ce type et je suis tombé sur HelpX. C’était le 20 octobre 2015 et je cherchais pour début novembre, autrement dit, tout était saturé. Je voyais quelques annonces au Québec mais j’avais envie de découvrir une autre province et de me retrouver dans un univers anglophone afin de me forcer à travailler l’anglais.

J’ai vu une annonce au Yukon sur le site Workaway mais ils étaient déjà complets pour les 10 mois à venir. Le Yukon était un souhait durant le PVT, je n’y suis finalement pas allé mais ce n’est que partie remise !

Puis, je suis tombé sur une annonce dans le Saskatchewan. Une province dans laquelle je ne pensais jamais mettre les pieds car l’image des paysages plats et vides ne m’attirait pas vraiment.  Je me suis alors dit « C’est soit le Saskatchewan, soit le Québec, soit tu oublies ton souhait ». Je vous rassure, je n’ai malgré tout pas envoyé ma demande à contrecœur.

Mes futurs hôtes m’ont très rapidement répondu et acceptaient de m’accueillir dès la semaine suivante. La réservation des billets s’est donc faite très rapidement et j’avais hâte de partir ! J’ai toujours eu des chiens dans ma vie et l’idée de me retrouver avec plus de 40 chiens de traîneau me rendait fou de joie. Ça me rappelait un film avec des chiens de traîneau que j’avais vu un peu plus jeune, peut-être que finalement l’idée est venue de là.

Comment vivais-tu au contact de tes hôtes ?

Je vivais avec Vicky et Roger, un couple ayant eu plusieurs enfants mais qui étaient déjà adultes et avaient des enfants en bas âge. Il y avait également un autre bénévole, Alastair, un anglais qui était là depuis de très longs mois, il était totalement intégré dans la famille.

J’étais leur 4ème bénévole, je ne voulais pas me retrouver dans une famille qui enchaînait les volontaires. Je voulais me sentir intégré à celle-ci. J’ai d’ailleurs rencontré plusieurs de leurs amis ainsi que des membres de leur famille. Ils me proposaient de les accompagner quand ils sortaient, que ce soit pour aller faire quelques courses, voir leurs proches ou bien aller à la messe. Ils étaient très croyants, moi pas mais ça n’a pas posé de soucis des deux côtés, même si la prière à table était quelque chose auquel je n’étais pas habitué.

Le dernier jour, je suis allé avec eux à un spectacle à l’église où jouaient leurs petits-enfants. Ça leur a fait plaisir que je les accompagne, et à moi aussi d’assister un peu plus à leur façon de vivre, de rejoindre toute la communauté dans ce moment de partage.

Comment s’organisaient tes journées ?

Le nombre d’heures de travail n’était pas réellement déterminé à l’avance. Je travaillais 6 à 8h par jour au lieu des 4 à 5h recommandées en bénévolat. Mais pouvais-je appeler cela du travail tant j’étais heureux de vivre cette expérience ?

Je me levais vers 8h avec un petit-déjeuner et c’était parti pour quelques heures de travail avant de manger ensemble à midi pour le dîner (et oui je suis belge) en discutant avec mon hôte Vicky et l’autre bénévole. Nous travaillions jusqu’à 16 à 17h et la journée était terminée.

Le week-end, nous n’avions pas réellement de congé mais il fallait uniquement nourrir les chiens. Un bénévolat avec des animaux implique certaines obligations de ce type.

Je ne voyais pas beaucoup Roger, le musher principal, car il avait un autre travail à côté. Cependant, il était là de temps en temps pour faire les entraînements, à savoir trois par semaine. Nous mangions tous ensemble le soir et nous racontions nos journées.

Qu’est-ce que tu as appris au cours de cette expérience de chiens de traîneau ?

J’ai appris le métier d’handler, je n’ai pas réellement été musher. Le handler est la personne qui assiste le musher (le musher était souvent Alastair ou Roger). J’ai pu essayer le rôle du musher le dernier jour, c’était stressant car on est alors le maître de l’équipage.

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Copyright : Jérôme Derèze

J’ai appris avant tout à retenir le nom des 42 chiens, et ce n’est pas si simple ! On a nos petites préférences évidemment mais il ne faut pas trop le montrer, un chien le ressent et, durant l’entraînement, ils doivent tous se sentir considérés de la même manière.

J’aidais le musher à aller chercher les différents chiens pour constituer l’attelage, soit les trois ou quatre équipes d’entraînements. Chaque animal a un rôle bien précis par rapport à son positionnement dans l’attelage. Les équipes évoluaient à chaque entraînement afin de bien voir lesquelles travaillaient le mieux ensemble.

J’ai appris à mettre correctement un harnais et à les attacher à la ligne de trait. À la période où j’y étais, il n’y avait pas suffisamment de neige pour utiliser le traîneau, nous faisions donc les entraînements avec le quad et augmentions progressivement la distance afin qu’ils soient prêts à participer aux courses durant l’hiver. Mes hôtes participaient à 6-10 courses par an, je n’ai malheureusement pas pu y assister, mon séjour était trop tôt et les courses ont lieu vers février.

J’ai expérimenté un nouveau métier, j’ai pu voir les difficultés de celui-ci et l’effort considérable que cela peut demander en termes de force physique et de capacités financières. Entretenir plus de 40 chiens n’est pas chose aisée, il faut ensuite gagner des courses ou réussir à faire des champions pour pouvoir vivre de cette passion, car c’est avant tout une passion.

Combien de temps a duré ton volontariat ?

Je suis resté chez eux pendant 6 semaines, ça a passé vite mais je trouve que c’était une bonne durée. J’avais envie de profiter au maximum de mon année et de vivre différentes expériences. Je prévoyais en plus de partir passer Noël à New-York avant d’emménager à Montréal début janvier.

Que retires-tu de cette aventure ?

J’ai avant tout progressé considérablement en anglais et j’aimerais refaire une expérience de bénévolat pour de nouveau ressentir cette satisfaction. Je ne pensais pas ressentir une telle proximité pour des personnes qui m’étaient inconnues quelques semaines plus tôt. Ça a été difficile de leur dire « au revoir » et j’espère sincèrement recroiser leur route un jour. Ils ont été géniaux avec moi !

J’aurais aimé passer noël avec eux, nous étions allés couper l’arbre de Noël sur leur propriété, comme dans les films. Noël est une fête importante pour eux, avec toute la famille qui se réunit, soit au moins 25 personnes. Juste quand j’allais prendre mon bus vers Saskatoon où un premier avion m’attendait, Vicky m’a fait une accolade et m’a dit « On ne se dit pas au revoir mais à bientôt ».

Ce qui a été le plus difficile ?

Particulièrement le froid. Au début, je n’avais pas de gants adaptés, je me trouvais certaines fois par -25° C et j’avais le bout des doigts gelés, gelés au point d’avoir mal quand ça se réchauffait, je n’avais jamais ressenti ça. De plus, les entraînements avaient lieu sur leur propriété dans des grands champs où il n’y avait pas d’arbres et où le vent pouvait être puissant, ce qui n’aidait pas. 

L’autre point difficile était d’arriver à maîtriser certains chiens de traîneau qui étaient robustes et agités, surtout vu mon gabarit de crevette. Je me suis ramassé quelques coups de pattes et j’ai fait face à quelques chutes.

Ton meilleur souvenir ?

C’est difficile à dire. Je citerais plutôt trois souvenirs forts : débuter l’entraînement des chiots et leur apprendre à courir, à obéir et en faire de futurs champions. Ils étaient adorables et j’adorais m’en occuper.

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Copyright : Jérôme Derèze

Un entraînement avec une équipe de 16 chiens de traîneau. C’était incroyable de devoir gérer d’autant de chiens en même temps et de les voir si excités à l’idée de courir tous ensemble. Nous étions 4 pour faire tout cela et c’était un beau moment de partage.

Enfin, en-dehors des chiens, les différentes rencontres que j’ai pu faire et la manière dont j’ai été totalement intégré. Les personnes me posaient des questions sur moi, sur mon pays, et nous échangions sur nos différents modes de vie.

Des conseils pour choisir la personne avec qui faire le chien de traîneau ?

Faire du bénévolat dans ce domaine est un moyen de ne pas payer l’activité du chien de traîneau mais surtout d’apprendre un nouveau métier. Avant tout, il faut surtout s’assurer que les chiens de traîneau sont bien traités. Un musher a un amour inconditionnel pour ses chiens, ils représentent tout pour lui.

Des conseils pour quelqu’un qui souhaiterait faire du HelpX ?

En un simple mot : OSER. Il ne faut pas hésiter une seconde à tenter l’aventure ! Si les chiens de traîneau n’attirent pas spécialement, il y a de nombreuses autres possibilités de bénévolat.

De plus, c’est une façon parfaite d’économiser son budget en voyage car tu n’as pas de frais la plupart du temps, tu as le gîte et le couvert en échange du travail effectué.

Surtout, il faut retenir les moments de partage avec les hôtes. C’est avant tout une philosophie basée sur l’échange avant d’être juste l’idée d’avoir un « employé » gratuitement.

Essayez de poser les questions que vous avez avant d’être sur place pour être certain que cela soit bien fait pour vous et pour vous assurer de ne pas être exploité.

À propos du blog Traversée d’un monde :

Traversée d’un monde est un blog axé sur le voyage en sac à dos. Passionné par la photo et la vidéo, je partage au maximum cela dans mes aventures, via des vlogs ou hyperlapses. Le PVT Canada a été ma plus belle expérience de voyage. Je désire partager mes aventures et donner l’envie aux personnes qui me suivent de franchir le pas, de partir vivre leurs rêves et découvrir le monde. 

Retrouvez mon expérience de bénévolat auprès des chiens de traîneau ici.

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